Les Arméniens de Transylvanie

Au travers de ma thèse de doctorat à l’université Loránd Eötvös à Budapest j’ai tenté une analyse approfondie de l’identité arménienne dans cette partie du monde..




Trois cent familles arméniennes sont arrivées d’Ani pour la première fois en 1672. Ces Arméniens se sont installés comme commerçants indépendants, parlaient leur langue et ont établi quatre villes : Gyergyószentmiklós, Erzsébetváros, Szamosújvár, Csíkszépvíz, en roumain: Gheorghieni, Dumbraveni, Gherla et Frumoasa. L’assimilation à la culture hongroise s’est produite, comme résultat de la coexistence de ces communautés.

En Transylvanie l’identité arménienne est fortement déterminée par le fait que les Hongrois, qui ont assimilé la communauté arménienne depuis la fin du XVIIIème siècle, ont eux-mêmes un statut de minorité en Roumanie. L’assimilation forcée et la discrimination négative subies au siècle dernier par les Hongrois de la part de l’état roumain ont amené les Arméniens-Hongrois à se considérer avant tout comme hongrois, et dans ces circonstances être hongrois est même devenu pour eux plus importants qu’être arméniens. Mais cette identité ne peut véritablement être qualifiée de plurielle, ses composants n’étant pas d’une égale importance. L’individu ne se voit pas arménien au même titre qu’il se voit hongrois. Son positionnement dépend de son environnement. « Nous sommes hongrois pendant la semaine et arméniens le week-end, à l’Eglise », ainsi qu’un habitant de Gyergyószentmiklos a pu définir son “identité de position” (“positional identity” d’après la terminologie de Clifford Geertz). Le statut de minorité des Hongrois affaiblit indirectement l’identité arménienne. Néanmoins une autre tendance s’observe, et ce surtout depuis les changements politiques intervenus en Roumanie en 1989 : la prise de conscience croissante de cette même identité arménienne. L’identité de position signifie que la proportion des composants de cette identité est temporairement modifiée par l’apparition d’un rappel.
La mémoire est maintenant entretenue par l’Eglise catholique arménienne, principale détentrice de l’identité arménienne. A l’intérieur de ce cadre religieux des réflexes de survie ont vu le jour qui revitalisent la conscience des Arméniens envers leur identité culturelle. Ainsi au sein de la communauté de Gyergyószentmiklós ce rôle est tenu par la fête des Capes rouges, cérémonie à part entière de la liturgie catholique arménienne. En partie d’origine séculière, cette fête a été créée par la Guilde des Garçons et s’est intégrée par la suite à la liturgie du fait de l’emploi d’objets sacrés. Il faut souligner la nature singulière de l’identité arménienne-hongroise en Transylvanie très fortement liée à la culture hongroise elle-même. En effet cette situation particulière différencie ces Arméniens des Arméniens-Roumains, de confession apostolique, qui vivent dans le sud-est du pays. Arrivés dans leur majorité après le génocide de 1915 ils ont su conserver la langue arménienne.

Je pense que la connaissance du phénomène identitaire de la communauté arménienne de Transylvanie est un chapitre intéressant de l’histoire des Arméniens qui mérite l’attention de la diaspora.

Au travers de mes recherches approfondies je me suis rendue compte que le traitement du sujet était loin d’être satisfaisant, tant scientifiquement que politiquement. Il n’y a en effet ni documentation historique contemporaine ni documentation ethnologique sous forme écrite sur l’état actuel de cette minorité.
à compléter