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           L'histoire du Prêtre-Jean est un exemple 
            typique du mythe du héros, né de l'imagination humaine à partir d'un 
            fait réel, mais que les distances ou les événements rendent invérifiable. 
            On voit se former un personnage de légende, paraissant toutefois appartenir 
            à la réalité quand il se trouve étayé par quelques brins de vérité. 
            Il est utilisé ensuite par des intérêts liés à la religion, à la politique, 
            à la guerre ou au commerce, sans perdre pour cela son influence mystique 
            sur les esprits crédules. 
 
Apparu dans l'Europe du Moyen Age, à l'époque 
            des croisades, le mythe place dans un Orient mystérieux un souverain 
            chrétien riche et puissant, capable de prendre l'islam à revers, et 
            par conséquent de sauver la Jérusalem chrétienne. 
 
Le Prêtre-Jean avait eu un prédécesseur, 
            le roi David, nom que se transmettaient les souverains de la dynastie 
            chrétienne des Bagratides qui régnèrent en Géorgie et en Arménie entre 
            886 et 1045, et qui prétendaient descendre du roi biblique. On le 
            trouve représenté sur les mappemondes médiévales comme le porteur 
            des clefs des portes du Caucase qui arrêtent les démons Gog et Magog. 
            
 
En 1046, les Seldjoukides (des Turcs islamisés 
            arrivés au Moyen-Orient) conquièrent l'Arménie, puis, en 1054, la 
            Géorgie. Peu à peu, le souvenir de roi David s'efface, il est « remplacé 
            » par un mystérieux Prêtre-Jean. Le point de naissance du mythe 
            est peut-être l'événement relaté dans la chronique de l'évêque 
            Otton de Freising, oncle de l'empereur d'Allemagne, qui écrit qu'en 
            1145 un représentant des Eglises orientales, l'évêque arménien de 
            Jabala (l'antique Byblos), est venu à Rome annoncer que la prise 
            récente d'Edesse par les musulmans risque de provoquer la destruction 
            des communautés chrétiennes d'Orient. Mais, 
            ajoute-t-il, un souverain chrétien, à la fois roi et prêtre, nommé 
            Jean, dont le royaume se trouve dans la lointaine Asie, au-delà même 
            de la Perse, s'est mis en route vers l'Occident à la tête d'une armée 
            formidable qui a commencé par vaincre des armées de musulmans, mais 
            qui a été contraint de retourner momentanément dans son pays à cause 
            d'une épidémie qui a ravagé ses troupes. Cette déclaration a sans 
            doute pour but d'inciter les croisés, attaqués par les Turcs à tenir 
            bon car le Prêtre-Jean va revenir avec sa puissante armée pour sauver 
            le royaume chrétien de Jérusalem.  
           
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                La nouvelle a cependant une origine 
                  bien réelle, mais son interprétation est détournée. Il s'agit 
                  en effet de l'écho lointain de la victoire de la tribu mongole 
                  des Kara-Khitaï en 1141 sur une armée de Seldjoukides stationnée 
                  en Asie Centrale. A ceci près que les Kara-Khitaï, voisins de 
                  la Chine, sont en réalité des bouddhistes. Mais la présence 
                  de chrétiens nestoriens dans les populations d'Asie Centrale 
                  contribue probablement à la légende. Les nestoriens (voir Historia 
                  Thématique n° 82 ) sont des chrétiens condamnés comme hérétiques 
                  par le concile d'Ephèse en 431, pour leur croyance en la nature 
                  divine et humaine distinctes dans le Christ. Rejetés par l'Eglise 
                  catholique, ils se sont installés en Asie où ils ont acquis 
                  des positions importantes : il y aura des nestoriens même dans 
                  la famille de Gengis Khan. Leur dévotion en Jésus et le port 
                  de la Croix sur leurs vêtements les feront prendre par les premiers 
                  voyageurs européens et par les chroniqueurs pour des sujets 
                  du Prêtre-Jean en personne.  |  |  
           Curieusement, 
            l'annonce de l'évêque arménien provoque pendant plusieurs années 
            l'apparition de lettres émanant prétendument du Prêtre-Jean, adressées 
            au pape Alexandre III, à Frédéric Ier Barberousse, empereur germanique, 
            à Louis VII roi de France et à Alphonse Enriquez, roi du Portugal. 
            Il y est écrit que le Prêtre-Jean étend sa domination sur les trois 
            Indes et sur plusieurs autres pays, que soixante-dix rois sont ses 
            vassaux, que parmi les peuples soumis il y a, entre autres, les dix 
            tribus perdues d'Israël qu'Alexandre le Grand a enfermées derrière 
            la muraille de Gog et Magog. Quand ce Prêtre-Jean part à la guerre, 
            il fait brandir dix croix d'or ornées de pierres précieuses, derrière 
            chacune d'elle marchent dix mille cavaliers et cent mille hommes à 
            pied. Dans la lettre à Manuel Comnène, empereur Byzance (1143-1180), 
            le Prêtre-Jean ajoute qu'il est le propriétaire de la rivière Ydonis 
            qui vient du paradis terrestre chargée d'émeraudes, de saphirs, de 
            rubis et de... poivre ! Il prétend avoir une fontaine qui donne l'âge 
            de 32 ans à tout homme qui s'y baigne ; lui-même déclare qu'il a 562 
            ans parce qu'il s'y est baigné six fois. Il dit aussi qu'un grand 
            roi d'Israël est son vassal et qu'il reçoit de lui un tribut annuel 
            de deux cents chevaux chargés d'or et de pierres précieuses. Ces fables 
            sont tout à fait prises au sérieux par les hommes du Moyen Age, enclins 
            à croire au merveilleux. 
 
Plus la pression de l'islam se fait menaçante 
            contre la Terre Sainte, plus la croyance en l'existence du Prêtre-Jean 
            se répand en Europe. L'évêque d'Acre écrit au pape Honoré III, en 
            1219, que le Prêtre-Jean, avec ses puissantes armées, est l'envoyé 
            de Dieu qui va venir exterminer les païens et les musulmans. Quoi 
            qu'il en soit, personne ne sait où se trouve son royaume, mais on 
            se remet à penser à l'Extrême-Orient. On envoie en Asie des moines 
            chargés de le trouver. Le frère franciscain Jean du Plan Carpin, de 
            retour de Mongolie en 1247, propose Muhammad sultan du Kharezm comme 
            candidat possible. Mais le moine et chroniqueur Guillaume de Rubrouck, 
            en 1254, lui préfère un chef des Naïmans, mongols en partie manichéens, 
            tout en reconnaissant que leur nombre et leur puissance sont très 
            inférieurs à ce qu'on pouvait attendre du Prêtre-Jean. Ce sont là 
            quelques exemples de tentatives pour identifier le sauveur espéré. 
            Pour Marco Polo, le Prêtre-Jean est le khan des Ongüt, tribu turque 
            manichéenne installée près de la boucle du fleuve Jaune, opinion partagée 
            par le frère Jean de Monte-Corvino, envoyé par le pape en 1305 en 
            Chine, et qui rapporte qu'il a rencontré près de la Muraille un roi 
            chrétien nommé Georges, qui se prétend descendant du Prêtre-Jean « 
            des Indes ». 
           
            | 
                Pourtant, l'opinion la plus générale 
                  est que le royaume du Prêtre-Jean se situe quelque part en Asie 
                  Centrale ou en Chine, bien que l'on persiste à l'appeler Prêtre-Jean 
                  des Indes. A partir de l'arrivée de Gengis Khan, en 1206, et 
                  des conquêtes mongoles qui s'ensuivent, les récits des voyageurs 
                  sont unanimes à rabaisser le Prêtre-Jean au rôle de simple vassal 
                  du khan. Dans les lettres et les chroniques, on commence à utiliser 
                  le nom de Tatars pour désigner aussi bien les Mongols que les 
                  Turcs nomades. Parmi les Tatars se trouvent des chrétiens, ce 
                  qui explique qu'on persiste à localiser le Prêtre-Jean dans 
                  une des régions de l'Est asiatique. Une des conséquences de 
                  la domination mongole est paradoxalement un extraordinaire mélange 
                  de populations, avec un développement des voyages entre l'Occident 
                  et l'Orient. Moines et marchands chrétiens rapportent, à leur 
                  retour d'Asie centrale et de Chine, la nouvelle désolante de 
                  l'inexistence probable du « vrai » Prêtre-Jean dans ces régions. |  |  
           Ne 
            l'ayant pas trouvé en Asie, la chrétienté européenne transporte le 
            mythe en Inde. Il existait déjà des communautés anciennes de chrétiens 
            indiens, appelés chrétiens de saint Thomas, du nom du premier évangélisateur 
            de l'Inde. Les brahmanes, réputés chastes et vertueux, sont un moment 
            pris pour des chrétiens retirés du monde. On trouve aussi une allusion 
            à un souverain chrétien de l'Inde du Nord dans le récit que Clavijo 
            fait de son ambassade auprès de Tamerlan en 1406, mais il se contente 
            de le désigner par une initiale : « On l'appelle N.» (Négus ?) D'ailleurs, 
            au Moyen Age, ce qu'on appelle Inde prête à confusion, notamment chez 
            les cartographes qui en poussent les limites jusqu'en Afrique orientale. 
            
 
           
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                Depuis longtemps, les Occidentaux 
                  connaissent l'existence d'un empire éthiopien, situé quelque 
                  part vers la Nubie ou l'Egypte, par des moines abyssins arrivés 
                  en pèlerinage à Jérusalem et par la remise d'une lettre du négus 
                  au pape. Un moine dominicain, frère Jourdain de Severac, nommé 
                  évêque sur la côte du Malabar par le pape Jean XXII, rédige 
                  à son retour une relation assez fantaisiste de son voyage où 
                  il parle de l'Inde troisième, qu'il situe vaguement du côté 
                  de l'Afrique orientale, près du lac Zanzibar. Il reste pourtant 
                  des gens qui persistent à placer le Prêtre-Jean en Asie de l'Est 
                  et d'autres qui le croient en Inde, en dépit de n'avoir pas 
                  pu l'y découvrir dans toute sa gloire.  |  |  
           Au XIVe siècle, l'idée que l'Ethiopie 
            pourrait être le royaume du Prêtre-Jean commence à gagner du terrain, 
            surtout après qu'une ambassade envoyée par le negusa nagast (négus 
            d'Ethiopie, en éthiopien) arrive à la cour papale d'Avignon en 1310. 
            La venue en Europe d'autres voyageurs éthiopiens, ainsi que la diffusion 
            d'informations provenant de chrétiens ayant séjourné au Moyen-Orient 
            et en Arabie, confortent l'opinion qu'il existe bien quelque part 
            vers la pointe nord-est de l'Afrique un royaume chrétien nommé Ethiopie 
            (nom peu familier aux Européens qui le rapprochent du grec aithiopios 
            « au visage brûlé, noir ») et dont le souverain, à la fois prêtre 
            et roi, est en guerre contre les musulmans. Plusieurs chroniqueurs 
            arabes lui prêtent même le pouvoir redoutable de détourner le cours 
            du Nil - en réalité, c'est le Nil bleu, une des grandes branches du 
            Nil qui coule en Abyssinie - pour assécher et ruiner le Soudan et 
            l'Egypte, et la menace de cette arme écologique renforce le désir 
            des chrétiens de s'allier à lui contre l'islam. Les informations sur 
            l'emplacement exact de ce pays et sur son roi, que l'on continue malgré 
            tout à appeler le Prêtre-Jean, restent assez floues. La découverte 
            de son royaume, l'Ethiopie, et de son souverain, le négus, sont l'oeuvre 
            du Portugal, alors le premier pays européen à lancer ses navires sur 
            les mers du Sud. On trouve trace du passage d'un ambassadeur éthiopien 
            appelé Georges à Lisbonne en 1452. Il est peut-être déjà question 
            d'un projet d'alliance, car le roi du Portugal, Alphonse V, décide 
            en 1454 que l'ordre du Christ, dont le prince Henri le Navigateur 
            est le grand maître, ajoutera à sa juridiction la Guinée, la Nubie 
            et l'Ethiopie. 
 
Cependant, ce qui va amener le mythe du 
            Prêtre-Jean sur l'impitoyable terrain de la réalité est sans doute 
            l'extraordinaire information recueillie en 1486 par les navigateurs 
            portugais auprès des populations du Bénin alors qu'ils commencent 
            l'exploration des côtes africaines en vue de la découverte de l'Inde 
            : « A vingt lunes de marche, leur disent les notables du Bénin, vers 
            le nord, au sud de l'Egypte, règne le grand roi Ogané, que nous vénérons 
            et à qui nous envoyons des ambassadeurs. Nous ne le voyons jamais 
            car il nous reçoit dissimulé derrière un grand voile d'où sort seulement 
            son pied quand il nous donne congé. » Depuis des temps anciens, les 
            nobles du Bénin doivent recevoir son approbation pour élever au trône 
            celui d'entre eux qui doit succéder au roi défunt. Il donne son accord 
            en lui envoyant un casque et une croix en cuivre brillant. Le nouveau 
            roi du Bénin se doit de porter cette croix à son cou s'il veut être 
            reconnu officiellement. Au vu du rapport de ses navigateurs, le roi 
            Jean II du Portugal envoie deux moines en éclaireurs vers le pays 
            du roi Ogané, mais ils ne peuvent même pas dépasser Jérusalem car 
            ils ne parlent pas l'arabe. 
 
Le roi du Portugal et ses conseillers pensent 
            que le roi Ogané - on ne connaît aucun roi d'Ethiopie de ce nom ! 
            - est en réalité le Prêtre-Jean et que son royaume doit se trouver 
            dans la partie arabique de l'Inde mineure que l'on appelle Ethiopie. 
            Il envoie cette fois-ci deux hommes expérimentés, Pedro da Covilhã 
            et Afonso de Paiva, à qui il remet une lettre pour le Prêtre-Jean, 
            un planisphère pour y marquer l'emplacement exact de son royaume et 
            une somme d'argent. 
 
Les émissaires partent le 7 mars 1487, 
            habillés à l'arabe, et gagnent Le Caire. Là, ils se séparent. Pedro 
            da Covilhã doit se rendre d'abord en Inde pour découvrir le port d'embarquement 
            des épices destinées aux pays méditerranéens, et Afonso de Paiva doit 
            aller jusqu'en Ethiopie pour y rencontrer le Prêtre-Jean, étant entendu 
            qu'ils se retrouveront au Caire après leur mission. Afonso de Paiva 
            disparaît en cours de route, sans laisser de trace. Pedro da Covilhã, 
            de retour de son périple en Inde, est rejoint au Caire par un marchand 
            juif porteur d'une lettre du roi Jean II qui ordonne de poursuivre 
            coûte que coûte la recherche du Prêtre-Jean. Parfaitement intégré 
            au milieu musulman, Pedro da Covilhã réussit à traverser l'Arabie 
            et à débarquer à Zeila, l'ancien port éthiopien. De là, il s'enfonce 
            à l'intérieur des terres et gagne les hauts plateaux pour y trouver 
            enfin, près de la capitale royale Gondar, le campement impérial où 
            il est accueilli chaleureusement, en l'an 1494, par le négus qui se 
            nomme « Alexandre, Lion de Juda, Roi des Rois ». Rien à voir avec 
            le Prêtre-Jean ! Mais les Portugais s'obstinent à appeler les empereurs 
            d'Ethiopie Prêtre-Jean, pour le prestige sans doute, et peut-être 
            parce que les sujets de l'empereur s'adressent à lui en disant zan 
            hoy « monseigneur », ce qui semble avoir une analogie phonétique avec 
            Jean. 
 
 
           
            | 
                L'empereur d'Ethiopie est certes 
                  chrétien, de l'antique rite copte, proche de la religion hébraïque, 
                  héritier d'un royaume qui a dominé jadis tous les pays face 
                  à l'Arabie, mais que l'arrivée de l'islam et son extension ont 
                  refoulé des rives de la mer Rouge et réduit aux régions des 
                  plateaux et des hautes montagnes où passe le Nil bleu. Cependant, 
                  les empereurs d'Ethiopie continuent à résister aux attaques 
                  acharnées des pays musulmans qui les encerclent. Il existe même 
                  en Ethiopie une communauté de juifs retirée dans des lieux inaccessibles. 
                  Pedro da Covilhã, le premier ambassadeur européen qui rencontre 
                  le négus, a un destin pittoresque. Il se prépare à regagner 
                  le Portugal lorsque le négus Alexandre meurt et que son successeur, 
                  le négus Naod, lui enjoint de rester : la coutume veut qu'on 
                  ne laisse pas repartir un étranger talentueux que l'on aime. 
                  On lui fournit une résidence et une épouse éthiopienne (Covilhã 
                  est déjà marié au Portugal) dont il aura plusieurs enfants. 
                  Traité comme un noble, il est reçu à la cour où il rencontre 
                  Nicola Bianca, un peintre italien, qui peint des fresques dans 
                  les églises éthiopiennes. |  |  
           Plus de vingt ans passent jusqu'à l'arrivée 
            en 1520 d'une nouvelle ambassade portugaise envoyée par le roi Manuel 
            II. Quand celle-ci repart, le négus Lebna Dengel (que les Portugais 
            appellent David) autorise Covilhã à la suivre. Mais celui-ci, qui 
            pourtant a montré une grande joie à revoir ses compatriotes, refuse 
            et choisit de rester en Ethiopie où il termine ses jours entouré des 
            siens. Dans cette ambassade se trouve le père Francisco Alvares qui 
            va écrire une relation détaillée des gens, des coutumes, des rites 
            et des terres de l'Ethiopie de son temps, publiée en 1540 à Lisbonne, 
            Verdadeira Informação das Terras do Preste Joao das Indias . C'est 
            donc au début du XVIe siècle que le personnage mythique du Prêtre-Jean 
            est remplacé par un souverain chrétien bien réel, allié des Portugais. 
            Ceux-ci opèrent alors en mer Rouge contre les musulmans, renforcés 
            par l'arrivée des Turcs et qui détiennent par surcroît la voie du 
            passage des marchandises venues de l'Inde. Ce sont donc des concurrents 
            redoutables.
 
          Pendant les rares périodes de paix avec 
            ses voisins, le négus se montre magnifiquement vêtu, entouré d'une 
            cour bariolée, va prier dans les églises creusées dans le rocher, 
            sous le patronage de l' abuma (le patriarche nommé par l'Eglise jacobite 
            d'Alexandrie). Le barnagais (commandant des terres de la mer) guide 
            les envoyés portugais jusqu'à lui. Son armée est très combative, mais 
            insuffisante en nombre et équipée seulement d'armes blanches, alors 
            que les musulmans possèdent des arquebuses et des canons fournis par 
            les Turcs. Ces derniers arrivent de plus en plus en mer Rouge et les 
            navires portugais tentent avec difficulté de s'y opposer. Le Prêtre-Jean 
            est leur unique allié dans ces régions, mais il vient de subir une 
            terrible défaite et doit se réfugier avec ses derniers fidèles dans 
            les montagnes. Il appelle les Portugais à son secours. Ceux-ci réussissent 
            en 1541 à débarquer une troupe de 400 hommes avec des canons commandée 
            par Christophe de Gama, neveu du grand Vasco, et à battre l'armée 
            des musulmans. Ils sont eux-mêmes vaincus par une puissante contre-attaque 
            et perdent 200 hommes, dont leur commandant. Les survivants portugais 
            rassemblent autour d'eux des paysans éthiopiens, mettent à leur tête 
            le jeune et vaillant négus Galawdewos (Claudius), et remportent une 
            victoire totale sur les musulmans le 22 février 1543. Ainsi les Européens, 
            qui ont attendu pendant des siècles d'être sauvés en Orient par le 
            Prêtre-Jean, le sauvent au prix de leur sang. La quête mythique est 
            bien achevée. 
 
Installée par Jean III en 1536, l'Inquisition 
            portugaise envoie des jésuites enquêter sur les pratiques religieuses 
            du Prêtre-Jean. Lui-même et ses sujets sont décrétés hérétiques. Même 
            si l'Ethiopie a grand besoin de canons et de munitions, le négus en 
            1557 refuse devant une délégation de jésuites venus de Lisbonne de 
            convertir l'Ethiopie au catholicisme. Et quand son successeur accepte 
            de le faire l'année suivante, il est désavoué par son clergé et par 
            son peuple qui veulent continuer à pratiquer l'ancienne religion de 
            leurs aïeux. La réprobation est générale : les derniers jésuites sont 
            expulsés de l'Ethiopie en 1634, mettant définitivement fin à cent 
            quarante années de relations amicales entre l'empire éthiopien et 
            le Portugal. Le mythe du Prêtre-Jean n'a pas pu résister à la réalité.
 
 Comprendre - Tatars (ou Tartares) Tribus appartenant à la configuration des tribus 
            mongoles, ennemies, puis soumises à Gengis Khan. Indes Au Moyen Age, 
            on compte plusieurs
 - Indes : l'Inde mineure, au-dessus de l'Indus ; la Grande Inde, entre 
            l'Indus et le Gange ; la Troisième Inde, au-delà du Gange. Pour certains 
            auteurs, l'appellation Inde englobe aussi une partie indéfinie de 
            l'Afrique orientale
 
 Qui 
          se cache derrière le Prêtre-Jean ? [Page originale de "Historia"] 
          - Autres 
          pages www sur Lucien Kehren
 
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