Le racisme antiarménien des livres scolaires en Turquie
dénoncé par des intellectuels turcs


Traduction française du texte turc

  • Un Comité d'observation appelé "Histoire pour la Paix" a été formé. Ce comité a organisé une conférence de presse aujourd'hui (le 3 octobre 2003) à la Fondation Culturelle Nazim Hikmet. Nous vous présentons ci-après la déclaration lue à la conférence de presse et le texte du communiqué.

  • BULLETIN DE PRESSE

APPEL A L'AMITIE ET A LA FRATERNITE DANS L'ENSEIGNEMENT
ET NON PAS A L' INIMITIE

  • Le Groupe d'Observation "Histoire pour la Paix" a été créé contre les pratiques du Ministère de l'Education Nationale dans les écoles, pouvant créer des sentiments de méfiance et d'inimitié parmi des enfants d'identités ethniques différentes. De nombreuses personnes parmi les juristes, enseignants, académiciens, écrivains et défenseurs des Droits de l'Homme ont apporté leur soutien au communiqué portant le titre "Non à l'inimité et à la discrimination dans l'enseignement"

    L'initiative du Ministère de l'Education Nationale d'enseigner les matières portant sur "le caractère sans fondement des allégations arméniennes, greques-pontiques et syriaques" d'une façon plus détaillée et d'inclure ces matières dans les livres d'histoire, a réuni un groupe d'enseignants, historiens, juristes et défenseurs des Droits de l'Homme. Dans le Groupe d'Observation "Histoire pour la Paix" qui a reçu le soutien de la Fondation d'Histoire, de l'Association des Citoyens d'Helsinki et de l'agence d'Istanbul de l'Association des Droits de l'Homme, il y a en plus d'individus indépendants, les dirigeants et membres des associations en question et du syndicats d'enseignants Egitim Sen.

    Après la décision du Comité d'Exercice et d'Education datant du mois d'Août 2002 sur l'inclusion dans le programme scolaire des écoles primaires et secondaires, de matières portant sur "le caractère sans fondement des allégations arméniennes, greques-pontoises et syriaques" et la réécriture des livres scolaires conformément à cela, le Ministère de l'Education Nationale avait publié le 14 Avril 2003 un circulaire prévoyant l'organisation de séminaires, conférences, et de concours de dissertation sur ce sujet dans les écoles.

    Normes Internationales dans l'Etude de Matières Controversées

    Le Groupe d'Observation qui a expliqué le motif de sa mise sur pied, a indiqué que des matières controversées et sensibles de ce genre doivent être enseignées en se conformant aux principes prévus par l'ONU. L'ONU considère que les matières controversées et sensibles doivent être enseignées dans les écoles de façon à contribuer au respect des différences, à la réconciliation entre les peuples, à l'entente et à la confiance mutuelle. Faisant remarquer que le Ministère de l'Education Nationale a une attitude diamétralement opposée à cela, le Groupe d'Observation prouve en fournissant des exemples que, les instructions envoyées aux écoles par les Directions d'Education Nationale, les ressources que l'on demande d'utiliser, le langage utilisé, les expressions imposées aux enseignants sont de nature à provoquer une inimitié entre élèves.

    Les Arméniens, les Grecs et les Syriaques désignés comme des Ennemis dans les Livres Scolaires

    Le Groupe d'Observation indique que dans les sections nouvellement ajoutées aux livres scolaires, les Arméniens, les Grecs et les Syriaques sont qualifiés souvent d"ennemis", d"espions", de "gens tirant dans le dos", de "massacreurs", et sont présentés comme des espions et personnes non fiables. Selon le Groupe d'Observation, le Patriarcat, l'Eglise, les écoles des minorités sont définis comme des "institutions préjudiciables", tandis que l'Eglise est identifiée au "terrorisme". Les enseignants font remarquer que le langage utilisé et les faits racontés en se servant de ce langage entraîneront la conséquence que les enfants considéreront leurs camarades d'identités ethniques différentes comme leurs ennemis. D'autre part on indique que les expressions anti-grecques et anti-européennes utilisées dans les nouvelles sections ajoutées aux livres scolaires affecteront défavorablement la perception par les élèves des Etats voisins de la Turquie et de l'Europe en général.

    Un Travail de Longue Haleine

    De nombreux juristes, enseignants, journalistes, écrivains, défenseurs de Droits de l'Homme ont signé le texte du communiqué préparé par le Groupe d'Observation "Histoire pour la Paix". Parmi ceux qui soutiennent le communiqué, il y a des membres de l'Académie des Sciences de Turquie, des dirigeants de chambres professionnelles, de nombreux enseignants d'universités et dirigeants d'organisations non-gouvernementales. Le texte du communiqué: "Nous soussignés, demandons que ce travail de conditionnement intellectuel négatif visant les jeunes esprits soit immédiatement arrêté et que les sections ajoutées aux livres scolaires conformément à cette pratique soient supprimées, quelles que soient les autorités ayant donné la directive du commencement de ces travaux.

    Nous considérons que les pas constructifs qui seront faits dans ce domaine sont obligatoires du point de vue de la démocratisation de la Turquie, de l'établissement du respect des Droits de l'Homme et de l'amélioration du niveau de l'enseignement et nous nous engageons à fournir toutes sortes de contributions dans nos domaines de spécialisations respectives."

    Le Groupe d'Observation "Histoire pour la Paix" a déclaré qu'ils ont pour objectif de faire un travail de longue haleine, qu'ils vont suivre de près ce sujet, qu'ils vont mettre en garde l'opinion publique et les autorités en observant chacun des pas faits en conformité avec la décision du Comité d'Exercice et d'Education.
Article du 9 Janvier 2004 signalé dans et lu dans
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