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            Un Nôtre Pays 
              de Denis Donikian
 chez Publisud
 
 L'Arménie va mal. Mais l'Arménie va 
              mieux ! L'Arménie va mieux, mais sa population s'évapore dans un 
              sauve-qui-peut généralisé. Mais l'Arménie est libre ! Un État libre 
              qui exporte ses gens et qui importe des touristes. Mais une Arménie 
              dont les citoyens sont enfin libres de rire ! Libres de rire de 
              ceux qui sont au-dessus, et ceux-ci de rire d'eux tout aussi librement.
 
 En dix ans d'indépendance, les Arméniens ont eu à tout réinventer. 
              Mais la tâche la plus difficile pour une nation est d'apprendre 
              à se réinventer elle-même.
 
 Pays blanc, pays noir, l'Arménie est effort, elle est obstination…Mais 
              le chemin n'était pas un chemin, c'était un cul-de-sac. Alors, comment 
              est-ce arrivé tout ça ? Quoi donc ? Mais tout ça, voyons ? C'est 
              la guerre. Vraiment ? À ce qu'il paraît. Et quand est-ce que ça 
              va s'arrêter ?
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            La terre est désertée, le 
              " nous " à l'intérieur du territoire s'est retourné contre son esprit 
              même, la langue est devenue mensongère. Où est la belle union qui 
              se criait en chœur et à cœur ouvert lors des manifestations publiques 
              pour achever l'ancien régime et mettre au monde un temps nouveau 
              ? 
 Et c'est comme ça que lui serait venue l'idée d'écrire son livre 
              ? Un livre sur quoi ? Un livre sur qui ? Un livre comment ? Épique 
              ? Critique ? Poétique ? Mais non ! Rien qu'un livre sur les jours 
              et les nuits des gens, tout simple et monté avec du mordant, du 
              gloussant et de l'aboyant, qui soit assez intrépide pour braver 
              les astucieux gorilles de la politique, et fait pour ébranler les 
              extasiés naïfs, les permanents de la pâmoison patriote. (La rébellion 
              sied à l'écriture artiste). Un livre qui mette en scène les contresens 
              de nos psychismes, où celui qui écrit se regarde, mais aussi celui 
              qui le lit. Un livre qui se situe au-delà de toute information, 
              dans l'esprit de l'écriture. Pas un geste d'ambulancier. Un devoir 
              d'insolence.
 
 Paradis et puanteur ! En parler ou pas ?
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           Histoires de famille (pas les monuments morts, 
            les hommes vivants), choses entendues, choses vues Place des Libérations, 
            paroles de Vahram, le mystère Rousik, écrits d'un dissident, psychologie 
            d'un président, propos d'une inconditionnelle, ceux d'Anna Alexanian, 
            quelques mots sur l'exil, d'autres sur le garod, effets d'une religion 
            nationale sur les mœurs démocratiques, pasteurisation des réalités, 
            témoignages sur une mort d'homme, hivers 92 et 93, préparer l'hiver, 
            survivre en étant vieux, la bataille de Goris (aux côtés de l'association 
            Coopération Arménie), Ararat super star, tristesse dans l'œil des 
            chiens, lavach au Zanguézour, recette du basterma, rumeurs, petit 
            déjeuner haï aux fines herbes, prédateurs, apocalyptiques et béats, 
            ankylosés et anesthésiés, gens du haut, gens du bas… Trois voyages 
            en troisième Arménie : les demandeurs d'exil, les Mercedes noires, 
            vive le chômeur libre ! 
 Dans le fond, l'Arménie est le démon de l'Arménien, et réciproquement. 
            Mais c'est l'Arménie.
 (Texte construit sur des citations du livre)
            
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