Structure(s) génocidaire(s) & essai d'analyse comparée
à propos de la Terreur vendéenne (1er Aout 1793 - Juillet 1794)


Génocide vendéen : un déni maintenu de plus de 200 ans

  • Ce génocide franco-français, expression acceptée en particulier par l'académicien français Pierre CHAUNU, est peu connu. Mais pour les originaires arméniens de France, le génocide vendéen n'est pas seulement un cas d'école au sens propre ou au sens figuré. C'est surtout un exemple vrai, authentiquement humain de ce que peuvent endurer dans leur vie psychique des concitoyens français -des concitoyens qui sont les descendants de survivants d'un génocide qui est encore dénié par l'Histoire officielle de la République.

  • Rappel des données historiques qui se sont passés pendant la Révolution française :
    - Le 10 mars 1793 les Vendéens se soulèvent contre la Convention, se constituent en une "armée catholique et royale" de 40.000 hommes, un soulévement armé contre l'Armée de la République : des hommes en armes contre d'autres hommes en armes.
    - L'armée des insurgés vendéenset remporte des succès militaires jusqu'à la fin du mois de septembre, mais le 17 octobre 1793, elle
    est défaite à Cholet, bat en retraite en traversant la Loire et s'engage dans sa rive droite.
    - Essuyant des défaites successives et minée par la maladie, le reste de cette armée sera écrasée par l'armée de la République le 23 décembre dans le bois de Savenay au Nord de Nantes.
    - Le pouvoir républicain n'est plus menacé de l'intérieur. A ce moment prend fin la guerre civile qui est la première phase, la première période des Guerres de Vendée .
    - Il ne reste plus que des civils en Vendée qui se trouve encerclée par les armées républicaines qui attendent les ordres du pouvoir central à Paris : la Convention sous l'emprise jacobine y avait déjà décrété le 1er Août 1793, la destruction de la Vendée en insurrection.
    - Le 19 janvier 1794, le Général Turreau présente à la Convention un plan d'extermination de la Vendée. Les colonnes infernales de l'armée républicaine fondent alors sur la Vendée et mettent le pays à feu et à sang : des exactions sont organisées sur les hommes sans armes, en n'épargnant pas les femmes, les enfants et les vieillards.

  • Le débat sur les "Guerres vendéennes" ne porte pas sur les faits de la guerre civile (où il y a conflit entre deux armées organisées) mais sur la période qui part de l'écrasement des insurgés à la fin de 1793 jusqu'à la chute de Robespierre le 9 Thermidor 1794. C'est cette deuxième phase qui est appellée La Terreur Vendéenne..

    - Près du quart de la population en Vendée pense-t-on, sera alors exterminée dans les 6 mois avec une volonté de déshumanisation qui est inhérente aux génocides. Les horribles massacres perpétrés par les colonnes infernales de l'armée républicaine sont souvent occultés aujourd'hui par les faits miilitaires de la guerre civile qui précédait.

    - Les négationnistes de la thèse de génocide présentent ces tueries préméditées de la population vendéenne (non armée), comme des événements tragiques mais inévitables qui existent "dans une logique purement militaire" de toute guerre.

  • Ainsi la Mémoire vendéenne doit se mobiliser constamment (inconsciemment mais de plus en plus consciemment) et dénoncer les "justifications" (républicaines ?) de ces exterminations planifiées de 1794.
    - Il s'agit de faire face aux stratégies de changements de sens concernant ces événements historiques : des faits qui ne sont pas forcément niés officiellement, mais qui sont présentés souvent comme des bavures consécutives à des conflits armés.
    - De plus, un génocide qui est une extermination plannifiée de population alimentée par une idéologie, est plus adéquat et plus grave que le terme de "populicide", terme de l'époque encore employé à l'occasion des guerres en Vendée.

  • Le génocide des Vendéens est aussi peu connu et peu reconnu à cause :
    - du fait que ce génocide s'est produit au sein d'un même peuple :
    - et non comme c'est plus souvent le cas entre deux entités à ethnies ou religions différentes.

  • Ce génocide est de même nature que le génocide cambodgien qui a été organisé par une autorité centrale politique sur une partie de sa population,
    - il est en étant consubstantiel à la même idéologie (en surenchère) de pureté révolutionnaire et au même dogme de l'Homme-nouveau.
    - il a fallu qu'il y ait le génocide cambodgien et la chute de l'Union soviétique pour qu'on puisse commencer à penser objectivement et à analyser ce qui s'était passé réellement durant la Terreur vendéenne.


  • L'approche comparée de la Structure génocidaire qui organise et oppresse la vie des descendants des survivants d'un autre génocide, nous aide à comprendre
    - notre propre structure génocidaire
    . et ses mécanismes qui y agissent en souterrain et en profondeur.
    - En Vendée, même 200 ans après, à propos des massacres par les armées républicaines, c'est comme si c'était arrivé hier -et non pas comme c'est signalé dans les manuels d'histoire à l'école.
    - Et ça, en tant qu'Arméniens et originaires arméniens de France, nous pouvons le comprendre et le ressentir par notre vécu génocidaire dénié.

  • Ainsi, à part l'intérêt historique, culturel et humain du génocide vendéen, il y a un intérêt pédagogique et thérapeuthique (libérateur et contre-aliénant) pour nous les franco-arméniens en relation avec notre propre génocide de1915.
    - Apprenant les "Guerres de Vendée" à l'école française et
    n'étant pas victimes du déni du génocide vendéen, nous sommes au premier rang, mais à la bonne distance, avec le bon recul, pour les comprendre et ainsi comprendre mieux les nôtres : 1915 et son déni.
    - Grâce
    . à cet exemple (scolaire) du génocide vendéen,
    . à ce détour géographique,
    . à l'Histoire (officielle) de l'école républicaine (qui dissout la Terreur vendéenne dans les Guerres de Vendée, l'arbre cachant la forêt),
    nous comprenons mieux ce qui s'est passé à propos des effets ravageurs (sur nous, les descendants) du déni de notre génocide...
    ... des effets ravageurs (et pernicieux) dans notre inconscient collectif à cause du déni (actuel) qui perdure les effets du génocide (passé en 1915)...
    ... des effets
    qu'on essaie de mieux discerner, d'en faire la part des choses...

  • Car un génocide arrête le Temps qui reste bloqué tant qu'il y a déni :
    - une preuve toujours présente de ce mécanisme inconscient (mais réel) de blocage du temps, c'est quand on visite la Vendée. Même 200 ans après, si on parle de ces "évenements" aux Vendéens, les réactions émotionnelles et psycho-affectives des gens sont comme si ça s'était passé hier !
    - l
    e déni maintenu de tout génocide fait perdurer ses ravages dans l'inconscient des survivants et des descendants.
    - Les conséquences psychiques peuvent être représentées ainsi_:
    . un génocide _>>> les survivants deviennent des morts-vivants
    . maintien de son déni _>>> leurs descendants deviennent des vivants-morts
    . avec un enfermement

    _>>> où le sujet était maintenu prisonnier par la structure génocidaire mise en place officiellement.
  • Vendée : du génocide au mémoricide (en préparation)
  • Nil V. Agopoff