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I.Présentation - II.Arménologie - III.Recherches-Analyses-Approches ADIC - IV.La vie arménienne en diaspora -V.La culture arménienne et l'art - VI.Histoire - VII.Arménie(s) - VIII.Les différents environnements & l'Arménie - IX.Génocide de 1915 et enchaînements politico-médiatiques - X.Inconscient(s) collectif(s), Mémoire(s) et 1915 - XI.Religion(s) et Théologie(s)
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Turcs ayant refusé de participer au Génocide de 1915
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  • d'après le livre d'Arthur Beylérian : Les Grandes puissances, l'Empire ottoman et les Arméniens dans les archives françaises : 1914-1918, Publications de la Sorbonne . Série Documents : 34, Paris 1983


    =
    Fonctionnaires ottomans démissionaires ou destitués pour avoir refusé d'exécuter les ordres criminels venant de la capitale (p. LII) :
    . Djelal Bey, vali d'Alep .
    . Mazhar bey, vali d'Angora
    . Djemal bey, mutasarif de Yozgad
    . Rechid Pacha, vali de Kastamouni


    = Fonctionnaires ottomans dont leur refus leur coûta la vie : (p. LIII)
    . le kaïmakam de Lidjé, Nessimi bey, un Turc de Crète


    = Seul le kaïmakam de Kütahya, Faïk Ali bey, sut à la fois demeurer à son poste et se montrer un gouverneur honnête (p.LIII).

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  • Le notable mélomane ottoman qui est intervenu auprès des autorités pour faire revenir Komidas de l'exil.

  • Témoignage d'Arsène Kalaidjan sur son père Avédiss Kalaidjian :
    "Mon père m'a dit le plus grand bien du Turc qui l'avait recueilli à 9 ans, après l'agonie de sa mère sur le chemin du néant. Ce Turc l'a élevé comme si mon père était son propre fils. Il m'en a parlé jusqu'à ses derniers jours."


  • Maire de Malatia en 1915, animé par des principes humanistes, Moustapha agha Aziz oglou, protégea les chrétiens de sa ville et principalement la mission Bethesda d’Ernst J. Christoffel. Informé des massacres du Taurus en 1909, il n’eut de cesse de travailler pour sauver des vies arméniennes, s’insurgeant contre la passivité des missionnaires allemands devant l’imminence de la catastrophe qui pesait sur elles. [Source : Petite Encyclopédie du Génocide Arménien, N#118, "Justes et attitudes justes (1)"]

  • La voisine turque de ma grand-mère à Trébizonde qui connaissait personnellement le vali et qui est intervenu auprès de lui en faveur de ma grand-mère et de ses enfants : La ville de Trébizonde et 1915 - Mémoires scannées de Kohar Sarian, née Essayan -

  • Article de l'Express par Burcin Cergex, 25 avril 2012 N#3173 pages 78 & 80 : Cela Bey, gouverneur de Konya, démi de ses fonctions - Mustafa Aga, Maire de Malatya, tué par son propre fils qui n'avait pas supporté que son père vienne en aide aux "mécréants"

  • - à suivre...
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officier turc sous les ordres de Moustafa Abdulhalik Bey, préfet d’Alep

  Lors de mes activités militaires dans la région d’Alep, pendant la première guerre mondiale, je reconnais avoir assisté douloureusement à des scènes de persécutions et de massacres sanglants, sauvages, perpétrés par nos forces militaires sur les Arméniens déportés. Je déplore de toutes mes forces ces actes de violence inhumaine, indignes de notre pays et de notre peuple. Je les condamne sévèrement et désigne comme responsables les dirigeants de l'époque issus du parti « lttihad et progrès » qui, en donnant des ordres d'extermination, ont sur la conscience la mort de plusieurs centaines et centaines de milliers d'Arméniens avec lesquels nous pouvions cohabiter pacifiquement et être heureux. Nos dirigeants de l'époque au pouvoir ont commis des crimes irrémissibles et ils devront être condamnés et punis lourdement afin que les Turcs innocents ne soient pas confondus avec les vrais coupables et que les générations futures le sachent et qu'elles n'oublient jamais. C'est donc à elles qu'incombe le devoir impératif de blanchir la page noircie de notre histoire. J'appelle donc nos deux peuples à une cohabitation fraternelle, dans la paix et la sécurité permanente. »

Chérif Bey, 24 avril 1946, Zebdani (Syrie)
Source : Histoire de la France Libre au Levant – mémoires de Michel Bedrossian ; préface Hervé Gaymar (site Imprescriptible)

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Article de l'Express
par Burcin Cergex

25 avril 2012 N#3173
pages 78 & 80
Portrait
à venir
Hüseyin Nesimi
Sous-Préfet de Liçe assassiné
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L'opposition de fonctionnaires ottomans au génocide des arméniens

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"Dans le vilayet de Van, également frontalier, densément peuplé d'arméniens et marqué par le tribalisme kurde, la nomination de Cevdet bey, le propre beau-frère du ministre de la Guerre, Enver, en février 1915, a marqué le début des tensions. On n'y relève aucun cas d'opposition à la politique de l'Etat-parti jeune-turc chez les fonctionnaires. Seuls les 45 villages du kaza de Moks et ses 4 459 arméniens échappent au massacre grâce à la protection d'un chef kurde, Murtula beg, qui a refusé d'appliquer les ordres du vali Cevdet et a pu résister jusqu'à l'arrivée de l'armée russe dans la région.

Le vilayet de Diyarbekir donne une image plus contrastée de l'action des fonctionnaires ottomans, concernant le programme d'éradication des arméniens. On notera tout d'abord que le Dr Mehmed Rechid, un des pères fondateurs du CUP historique, diplômé de l'Académie militaire de médcine d'Istanbul, a été nommé vali de Diyarbekir, le 25 mars 1915, cest-à-dire au moment même où le Comité cenbtral jeune-turc a décidé de mettre en oeuvre son plan d'extermination. En quelques semaines, ce proche du ministre de l'Intérieur y a exécuté à la lettre les ordres du comité. Mais il a dû pour cela surmonter les réticences de plusieurs préfets et sous-préfets de sa province. Le préfet de Mardin, Hilmi bey, qui a refusé d'exécuter ces ordres, a été démis le 25 mai - il était en poste depuis le 30 novembre 1914 - et remplacé par Chefik bey, lui-même démis un mois plus tard pour les mêmes raisons. Ce préfet s'en sort à bon compte, il n'en est pas de même pour certains sous-préfets. Celui de Derik, Rachid bey (en poste du 12 octobre 1913 au 2 mai 1915) est non seulement démis, pour avoir exigé un ordre écrit du comité mais exécuté par la garde personnelle, formée de circassiens, du Dr Rechid, sur la route de Diyarbekir. Hüseyin Nesimî bey, le sous-préfet de Lice, et Nadji bey, sous-préfet de Bechiri, originaire de Bagdad, sont également assassinés sur l'ordre du vali de Diyarbekir pour avoir refusé d'organiser la liquidation des arméniens dans leur canton. Quelques années plus tard, lorsque le Dr Rechid est interpellé et doit répondre aux questions des magistrats d'une commission d'enquête instaurée après l'armistice, il nie avoir fait exécuter ses deux collègues, jusqu'à ce que le fils de Hüseyin Nesimî, Abidin, rapporte comment son père a été convoqué à Diyarbekir et assassiné en cours de route par un cadre de l'Organisation spéciale, dont le vali était le chef local.

La résistance aux ordres de certains hauts fonctionnaires de la région ne s'est pas arrêtée là. Outre les trois sous-préfets exécutés, d'autres ont été démis : Mehmed Hamid bey remplacé par Ferik bey, le 1er juillet 1915, à la tête du kaza de Cermik ; Mehmed Ali bey, kaïmakam de Savur, en poste du 2 mai au 1er octobre 1915 ; Ibrahim Hakki bey, officiant à Silvan, "démissionné" le 31 août 1915. Autrement dit, près de la moitié des sous-préfets du vilayet de Diyarbekir ont été éliminés pour avoir refusé d'appliquer les ordres, mais cela n'a pas suffi à sauver les arméniens et des habitants de langue syriaque de cette région - ces derniers, très nombreux dans ce vilayet, y ont subi un sort similaire à leurs voisins arméniens."

Dans le vilayet de Mamuret ul-Aziz, à Harpout, le vali, Sabit Cemal Sagiroglu, nommé au début de septembre 1914, est certes plus fruste que ses collègues des vilayets voisins, mais très au fait des moeurs de la popualtion locale et réputé perspicace. Dans sa région, il organise la déportation de la population arménienne, mais, au dire du consul américain, Leslie Davis, sans faire preuve d'un zèle particulier : "Il m'expliquait toujours, écrit-il, qu'il était obligé d'exécuter les ordres (et) il est fort possible que son souhait personnel n'ait pas été de faire souffrir les gens et qu'il n'ait été qu'un exécutant contre son gré. [...] En tout cas, j'ai le sentiment qu'il était plus humain que bien d'autres." Dans son vilayet, la zone montagneuse du Nord, le Dersim, était encore sous le contrôle de Kizilbachs (ou Zazas) et a de ce fait été, au cours des événements de 1915, un refuge pour 10 000 à 15 000 arméniens de la plaine de Harpout et des zones ouest du sandjak d'Erzincan. Les témoignages du pasteur Henry Riggs et de Nazareth Piranian y attestent de sauvetages monnayés au prix fort : les premiers fuyards règlent jusqu'à 100 livres turques pour leur apssage ; plus tard, les exigences des beg kurdes sont revues à la baisse, jusqu'à 10 livres turques. On observe néanmoins le cas de personnes dépourvues de moyens qui y sont accueillies."


Raymond Kévorkian, "l'opposition de fonctionnaires ottomans au génocide des arméniens", in La Résistance aux génocides. De la pluralité des actes de sauvetage ; dir. Jacques Sémelin, Claire Andrieu, Sarah Gensburger.

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