-


-
en cours de rédaction
-

Quelle réflexion
après
l'inauguration
du
Département
des
Arts de l'Islam
au
Musée du Louvre
?

...en la présence inacceptable
de Ilham Aliyev ?

...le dictateur de Bakou
encourageant le meurtre !

-
LETTRE ADIC AU CFCM ET AUX ASSOCIATIONS MUSULMANES DE FRANCE
-

Conseil Français du Culte Musulman,
http://www.lecfcm.fr/
Monsieur le Président,

Le Département des Arts de l'islam va être inauguré au Musée du Louvre et c'est une très-très bonne nouvelle pour toutes les composantes culturelles de la France profonde et de sa diversité.

Cela manquait beaucoup à notre prestigieux musée français. Aujourd'hui, il y a vraiment de quoi applaudir tous ensemble. Étant d'origine arménienne et l'Arménie faisant partie de l'Orient, ce sera une occasion -comme pour beaucoup d'autres originaires franco-arméniens- de revivre en quelque sorte l'environnement artistico-culturel et historique de nos aïeux. Au cours des siècles, les Arméniens ont eu en effet des relations historiques étroites avec différentes nations musulmanes dans le monde : les Arabes les Persesen Afghanistan en Inde moghole en Indonésie – et avec les Turco-Ottomans .

Pour ces derniers, on ne peut pas passer malheureusement sous silence :

le "Devchirmé ottoman", un impôt sur le sang qui a sévi pendant trois siècles à l'encontre des différentes populations chrétiennes de l'Empire ottoman en les contraignant de donner un quota d'enfants et d'adolescent(e)s pour les turquifier,

les massacres hamidiens de 1894-96 qui firent plus de 200.000 victimes, ceux de Cilicie en 1909,

le Génocide de 1915 perpétré par le gouvernement dit "jeune-turc" de l'Empire ottoman à l'époque,

un véritable nettoyage ethnique à l'échelle d'un Empire à l'encontre aussi des autres populations autochtones chrétiennes (Araméens et Grecs pontiques),

un génocide non-identifié alors, mais tout en organisant ses massacres, ses déportations accompagnées de déshumanisations et aboutissant à des camps d'exterminations,

un génocide en non-dit basé sur le pantouranisme, une idéologie raciste non religieuse,

un génocide dont l'expérience et l'impunité avaient préparé et encouragé des cadres de l'Allemagne nazie jusqu'à Hitler même à concevoir un autre génocide, celui de la Shoah,

avec son déni élaboré actuel construit en négationnisme d'État, avec ses Ministères, ses fonctionnaires, son réseau consulaire intervenant dans les pays étrangers, avec ses budgets colossaux par dizaines de millions de dollars pour sous-traitances en lobbyisme, avec un militantisme de Loups-gris et autres ultranationalistes introduits en France,

avec un laïcisme d'État ayant la "Diyanet" comme Ministère des Affaires religieuses bloquant ainsi

toute initiative éventuelle condamnant le génocide passé et son déni actuel de la part d'imams, de muftis, d'oulémas, de mollahs, des docteurs de l'islam –ne serait-ce par compassion-solidarité humaines ou par réflexion théologique de la part religieux musulmans sincères et réfléchis,

comme à un niveau hautement symbolique pour dénoncer la déclaration officielle du Djihad de novembre 1918 au nom du Califat ottoman qui avait été préparé à Berlin par des orientalistes allemands , une déclaration religieuse par un gouvernement basé sur le Parti "jeune-turc", un parti non-islamiste à l'origine et par la suite,

– un déni très habile par transfert mémoriel (des souvenirs iconographiques de Turco-Ottomans massacrant-déportant) sur les autres nations musulmanes ayant gardé le costume traditionnel, c'est-à-dire les Kurdes et les Arabes. Il y a là une stratégie en sémantique visuelle non-dite préparée par Mustafa Kémal en 1925.

un déni instrumentalisant l'adoption de l'alphabet latin qui créa efficacement en 1928 une cloison bloquant la connaissance des faits qui avaient eu lieu avant cette date ...dont les documents étaient imprimés ou écrits avec l'alphabet arabe. C'est ainsi qu'en Turquie aujourd'hui, la très grande majorité des gens ne savent pas qu'il y a eu en 1919 un procès des criminels jeunes-turcs à Istambul par un tribunal turc (contrairement au Tribunal de Nüremberg qui n'était pas allemand)

un déni structuré en idéologie kémaliste prennant appui mentalement sur ses propres falsifications historiques.

Aujourd'hui on commence à être au courant de ces données mais pas tellement concernant les témoignages des Arabes à l'époque de 1915. Cependant récemment aux USA et en France, on a parlé du fait qu'il y avait eu une Fatwa en Mai 1909 par le Grand Cheikh Salim al-Bishri d'Al-Azhar condamnant les massacres d'Adana par les Turc-Ottomans. De même, en dehors du Moyen-Orient, on ne sait pas que le Chérif de La Mecque et Gardien des Lieux Saints, El-Hoceïn Ibn Ali avait émit un Firman en 1917 condamnant les crimes qui se poursuivaient à l'encontre des déportés arméniens qui erraient aux confins du désert arabe. Ce firman demandait aux croyants musulmans d'accorder hospitalité et protection aux survivants arméniens de 1915.

Dans le cadre du Vivre Ensemble, il est important que les citoyens français, musulmans, d'origine arménienne ou en général, sachent ces faits ou d'autres. Il y a des recherches historiographiques qui sont menées en Arménie, en Égypte, au Liban et en Syrie encore jusqu'au début des tragiques évènements actuels. Les Arméniens sont reconnaissants aux Arabes qui ont apporté de l'aide aux survivants arméniens à l'époque du génocide. Il se construit aujourd'hui dans la capitale de la République d'Arménie, Érévan, un monument de la reconnaissance arménienne à la nation arabe.

Dans cet esprit constructif, tourné vers le présent et l'avenir, ayant entrepris différentes analyses juridiques nécessaires, les associations françaises d'origine arménienne attendent que le nouveau Garde des Sceaux, Madame Christiane Taubira, présente un projet de loi pénalisant le déni de crime contre l'Humanité et de génocide en particulier. C'est le voeux de la grande majorité des citoyens français épris de Justice qui s'étaient exprimés à travers la Loi Boyer qui ne fut pas validée à cause d'une décision très-très contestable – pour ne pas dire pour le moins douteuse – du Conseil d'État.

Cependant aujourd'hui, Monsieur le Président, j'écris en particulier à votre association parce que, à l'occasion de l'inauguration du Département des Arts de l'islam au Musée du Louvre, a été présent le Président de l'Azerbaidjan, Ilham Aliev.

Le chef d'Etat actuel de l'Azerbaïdjan, richissime autocrate, est le fils du précédent Président Heydar Aliyev. Les droits de l'Homme n'y sont pas respectés à Bakou et en province. On l'a vu, il n'y a pas si longtemps au mois de mai dernier à l'occasion de l'Eurovision 2012. Récemment, Ilham Aliev est allé s'illustrer jusqu'à honorer officiellement un meurtrier raciste et sanguinaire qui avait tué à coups de hache un jeune homme pendant son sommeil : tout simplement parce qu'il était arménien. Cela s'était passé à Budapest en 2004 et la victime s'appelait Gourguèn Margaryan. La justice hongroise avait alors condamné l'assassin azéri Safarov à emprisonnement à vie, mais récemment le gouvernement hongrois l'avait extradé à Bakou pensant avoir ainsi une aide financière azérie. En glorifiant un tel criminel monstrueux comme Safarov, Aliev mérite bien de porter le titre de "Grand Saigneur" ...appelé à l'instar du Sultan Hamid II nommé ainsi à l'époque en 1902 par suite de sa dangereuse cruauté.

Comme chrétien d'Orient de France, étant baptisé à l'Église apostolique arménienne de Paris et sensible au dialogue islamochrétien, je voudrais dire au CFCM et aux associations musulmanes de France, que le dictateur Ilham Aliev n'est pas seulement en déni de Justice en encourageant la barbarie et l'ignorance, mais il est aussi en déni d'islam, en rupture d'islam. Dans son nationalisme arménophobe exacerbé, il fait procéder au vandalisme du patrimoine arménien d'Azerbaidjan et aux falsifications historiques officielles se discréditant par rapport à l'historiographie. Comme les Talibans qui avaient détruit les Boudhas de Bâmiyân en Afghanistan, il a fait détruire par son armée en décembre 2005, plus de 4000 croix en pierre du célèbre cimetière arménien historique du XIV siècle à Djulfa. Le mutisme assourdissant de l'Unesco à ce sujet a dépassé ses compromissions en catimini concernant la Vieille Ville de Jérusalèm.

La présence d'Aliev au Musée du Louvre, qu'elle ait été officielle ou non, fut une insulte à ce temple de la culture et de l'art universel. Une telle visite risque d'avilir le Département des Arts de l'Islam et de ternir sa spiritualité dans la Mémoire des temps.

La realpolitik actuelle de la France, pays des Droits de l'Homme, courtisant les pétrodollars, n'a-t-elle plus de limites ?? Sommes-nous toujours à l'époque du Sultan ottoman Hamid II ? Malgré les crimes de ce dernier à l'encontre de plus de 200.000 victimes innocentes, son nom figure encore en lettres d'or sur une plaque de l'Association des Amis du Louvre : tout simplement, très habilement, ce monarque sanguinaire avait offert au Musée du Louvre un vase ancien. Il est honoré officiellement au Louvre encore aujourd'hui.

L'Azerbaidjan est un État qui adhére à l'idéologie du panturquisme, une idéologie qui a une habitude nationaliste à y vouloir aussi massacrer les Arméniens (190519181920fev.1988nov.198819901992). Depuis plus d'un siècle, connaissant ces crimes successifs dans la région, avec les massacres, les déportations, les déhumanisations et leurs dénis par les Turco-Ottomans – qui furent occultés ou minimisés par la realpolitik occidentale – on peut comprendre que cela entraine aujourd'hui dans tout le Moyen-Orient tant de violences qu'on peut décrypter, analyser symboliquement et voir en radiographie les phénomènes de cause à effet.

Recevoir en France officiellement un tel chantre du panturquisme comme Aliev, avec ses talents d'artiste-comédien, au point de faire miroiter ses pétrodollars jusqu'à corrompre ou tromper un gouvernement comme celui de la Hongrie, c'est aussi relayer le déni d'un génocide impuni, en surenchère de rhétorique guerrière ...avoir reçu ce dictateur Aliev qui fait d'un assassin un héros national, ne peut qu'encourager psycho-sociologiquement dans notre pays, délinquances et discriminations -consciemment ou inconsciemment.

C'est ainsi que le Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF), a appellé les citoyens français démocrates, de toute origine, de toute confession religieuse, épris de Justice et de Paix, contre la venue inacceptable en France d'Ihlam Aliev.

L'islam de France a aussi son mot à dire. Ne manquez pas d'écrire au CCAF, de lui apporter votre soutien éthico-moral. S'il vous plaît, quand vous aurez l'occasion, n'omettez pas de parler à propos autour de vous, des-aspirations-légitimes-en-revendications-citoyennes-des-Français-d'origine-arménienne-à-l'encontre-du-déni-de-crime-contre-l'humanité-et-de-génocide-reconnus-par-la-loi. Merci d'avance.

En espérant avoir contribué un peu plus aux riches relations culturelles et historiques entre les Arméniens et les Arabes au cours des siècles et en vous remerciant de votre attention, je vous prie d'agréer Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments distingués.

Nil V. Agopoff . né à Paris en 1944 . retraité
– Conseiller historique à l'Association nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens (l'ANACRA à Paris)
– Membre du Conseil d'Administration de l'UCFAF (Union culturelle françaises des Arméniens de France fondée à Paris en 1949) Pdf1 - Pdf2

-
- Copies ou envois d'e-mails ciblés en cours ou prévus : La communauté franco-musulmane Le dialogue islamo-chrétien en FranceÉtudes orientales et arabo-islamiques en France
-
- JPG à joindre à votre e-mail ciblé - autres JPGs possibles :  
-
= Pages arméno-azéries =
PAGE.A PAGE.B
PAGE.C PAGE.D
 
-
à compléter
-
-