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Lettre ouverte à Monsieur Denis Bruckmann, Directeur des collections de la BnF
à l'occasion du Colloque du Mardi 2 février dans le avec cadre de la Saison de la Turquie

"Le Livre dans l'Empire ottoman et la Turquie contemporaine, acteur de modernité"

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2/ Réponse de M. Denis Bruckmann, Directeur des collections Directeur général adjoint . Date: Jan 30, 2010 7:06 AM

Monsieur, merci de votre message dont j'ai pris connaissance avec intérêt. Je prends en compte votre point de vue. Le programme ne fait pas abstraction de la question des communautés et des minorités comme vous avez pu le voir. Il me semble cependant que le probleme que vous posez dépasse tres largement le cadre de ce colloque scientifique comme celui de la Bibliothèque nationale de France. Mon intervention d'entrée ne sera pour sa part qu'un mot de bienvenue à tous les chercheurs qui ont longuement préparé cet evenement et auxquels je souhaiterai des travaux fructueux et sereins.
Cordialement, Denis Bruckmann
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Lettre ouverte (1) avec www historiographiques et analytiques
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Monsieur Denis Bruckmann,
Directeur des collections,
Bibliothèque nationale de France (BnF)


Monsieur le Directeur,

Le mardi 2 février 2010 aura lieu à la BnF le colloque
"Le Livre dans l'Empire ottoman et la Turquie contemporaine, acteur de modernité" dans le cadre de la Saison de la Turquie en France (juillet 2009-mars 2010).

Depuis son début,
la Saison de la Turquie en France occulte régulièrement le crime imprescriptible de génocide qui fut perpétré à l'encontre des Arméniens en 1915 par le Gouvernement Jeune-Turc de l'Empire ottoman -un génocide pourtant reconnu publiquement par la France avec la loi du 29 janvier 2001.

Dans la programmation de la Saison, il y a escamotage thématique de l'organisation de ce nettoyage ethnique de la population autochtone de l'Arménie occidentale qui se trouvait dans l'Empire ottoman. De nombreuses communautés arméniennes du Kurdistan, de l'Anatolie et de la Thrace furent aussi éradiquées. Sémantiquement, on cherche à construire une non-existence de l'extermination d'un million et demi de civils innocents.

Omissions intentionnées,
non-dits, mutismes, minimisations, édulcorations, distorsions, sont les approches et les méthodes employées par des conférenciers de la Saison -en particulier par ceux qui sont des fonctionnaires officiels de l'appareil administratif et diplomatique de l'État turc. Ainsi les témoignages des consuls étrangers dans l'Empire ottoman à l'époque ne sont pas pris en compte. Il en est de même pour les récits des rescapés de 1915 qui ont été aussi publiés dans les journaux dès 1916 et qui font partie d'une riche bibliographie dans beaucoup de langues.

Actuellement, il se passe comme si on présentait l'histoire du Sud des Etats Unis d'Amérique et que l'on ne fasse pas état de l'esclavage avant la Guerre de Sécession ! Comme si on dissertait sur l'Afrique du Sud en occultant son passé d'Apartheid, que l'on omettait (intentionnellement ou non) de tenir compte de l'historiographie de ses nations africaines autochtones vivant en proximité et que l'on minimise le rôle de ses communautés métisses dans les quartiers.

C'est ce qui est en train de se passer avec la Saison de la Turquie en France. Ses expositions et ses conférences sont conçues et présentées avec une approche opérant en apartheid historiographique à l'encontre de l'historiographie arménienne dans l'Empire ottoman ou en Turquie kémaliste : aussi bien pour l'Arménie occidentale que pour les communautés arméniennes dans les villages ou villes d'Anatolie ou de Thrace. Les citoyens français et la Bibliothèque nationale de France n'ont pas à participer à de telles compromissions politico-historiques liées à la Realpolitik de la Commission européenne à Bruxelles.

Ainsi, à l'occasion de ce colloque et au delà du déni bétonné de l'État turc à Ankara, il serait intéressant, Monsieur le Directeur, d'avoir des réponses à ces quelques questions :

- Quel a été le sort des imprimeries et des bibliothèques arméniennes de l'Empire ottoman pendant et après le Génocide de 1915 ?

- La réforme linguistique ayant été officiellement motivée par une modernisation de l'Etat turc avec l'abandon de l'écriture osmanlie et l'adoption de l'alphabet latin (1928), a-t-on pu cependant
évaluer l'entrave faite au peuple turc sur ses propres témoignages concernant le génocide de 1915 ?

- Durant les années kémalistes, il y a eu une série de falsifications historiques effervescentes : les Hittites seraient les ancêtres des Turcs, la "Langue-Soleil" proto-turque serait la mère de toutes les langues du monde, la florissante civilisation de la "Grande Mer intérieure" supérieure à celles des autres nations, etc. -officialisées par différents Congrès du Ministère de l'Éducation et qui furent diffusées dans le nouvel État-nation. Ainsi :
. aujourd'hui a-t-on mesuré les impacts psychosociologiques de ces falsifications sur les générations turques ?
. de telles contrefaçons historico-culturelles n'ont-elles pas été aussi des fuites en avant comme des pseudo-thérapeuthies nationalistes en non-dit ?
. car au delà de la volonté de table rase et de sa nouvelle donne, n'y a-t-il pas eu déstructuration de l'Inconscient collectif turc ? ...en bénéficiant des expropriations - avec tueries expéditives en proximité - en organisant des déportations - avec des déshumanisations méthodiques ou acharnées ...ou en exécutant les exterminations finales aux confins du désert arabe ?
. enfin face à l'impunité des anciens criminels jeunes-turcs s'étant enrichis et ayant eu des fonctions officielles dans le nouveau régime kémaliste, ne fallait-il pas une nouvelle mythologie nationaliste en Turquie qui puisse succéder à la mythologie précédente qui préconnisait l'Homme-Nouveau du pantouranisme -une idéologie exaltée rejettant la tolérance arabo-islamique traditionnelle ?
(*)

Pour terminer, peut-on croire Monsieur le Directeur, qu'il serait possible d'avoir un tel colloque à la BnF sur "Le Livre dans l'Empire allemand et l'Allemagne contemporaine, acteur de modernité" avec une Allemagne actuelle nationaliste qui n'aurait pas reconnu ses crimes nazis restés impunis ? ...une Allemagne qui aurait une politique de négationnisme d'État, en mobilisant Ministères, budgets, fonctionnaires et réseau diplomatique ? ...une Allemagne qui aurait empêché son peuple de faire un travail de Mémoire en pénalisant toute reconnaissance de ce crime d'État ?

Monsieur le Directeur, l'évocation du Génocide de 1915 dans le discours d'ouverture de ce prochain colloque important, serait en effet un hommage spirituel à rendre à l'indépendance intellectuelle de la France, Patrie des Droits de l'Homme et du Citoyen : une incontestable manifestation de notre identité nationale française dans sa modernité authentique.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mes considérations distinguées.

Nil Agopoff
- de l'Union culturelle française des Arméniens de France, UCFAF fondée en 1949 http://ucfaf.com/pages/accueilpag.html
- Conseiller historique de l'ANACRA, Association nationale des Anciens Combattants et Résistants Arméniens de France  http://www.anciens-combattants-armeniens.org/
- Membre du Bureau du CCAF, Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France http://www.ccaf.info

(*)
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"Le recyclage des criminels Jeunes-Turcs: le rôle des criminels Jeunes-Turcs dans la création de la Turquie moderne" par Frédéric Solakian http://www.turquie-memoire.com/index.html

- Hélène Piralian-Simonyan (L'Harmattan, Janvier 2008) :
Génocide, disparition, déni. La traversée des deuils
- Vahram et Janine Altounian (Presses Universitaires de France 2009 ),
"Mémoires du Génocide arménien, Héritage traumatique et travail analytique"

- Pages historiographiques explicatives liées à la lettre ouverte : http://www.globalarmenianheritage-adic.fr/fr/2armenologie/etudes3orientales_saison2010bnf01.htm
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