| Extrait de « Voyage en 
        Arménie » d’Ossip E. Mandelstam 
        « Rien n’est plus instructif ni plus joyeux 
          que de se plonger dans la société de personnes d’une race totalement 
          autre que l’on respecte, pour laquelle on a de la sympathie, dont on 
          est fier de l’extérieur. La plénitude de vie des Arméniens, leur grossière 
          tendresse, leur bienfaisante ardeur au travail, leur inexplicable répulsion 
          pour toute métaphysique et leur merveilleuse familiarité avec le monde 
          des choses réelles – tout cela me disait : tu ne rêves pas , n’aies 
          pas peur de ton temps, ne fais pas le malin. N’était-ce pas parce que 
          je me trouvais au milieu d’un peuple réputé pour son activité débordante 
          et qui néanmoins vivait non pas en fonction des horloges des gares ou 
          des institutions, mais d’après un cadran solaire comme j’en ai vu dans 
          les ruines de Zvartnotz en forme de roue ou de rose astronomique, inscrit 
          dans la pierre ? » 
 
(Traduit du russe par Claude B. Levenson 
          – Ossip Mandelstam est mort en Sibérie en 1938)  |  |