• Quelles directives données aux associations turques de France pour un travail de Mémoire concernant le génocide de 1915 et les conséquences de son déni ? par Nil V. Agopoff

Le Président de la République

le 17 décembre 2004 à Bruxelles,


demande à la Turquie
de faire un travail de Mémoire
.

Cela ne sous-entend-t-il pas qu'il demande aussi
aux associations turques de France de le faire également ?

Car le devoir de Mémoire n'est pas entrepris
par ces associations turques de France :
alors que la Turquie a été conditionnée pendant 90 ans
par un mensonge d'État, niant le crime
et glorifiant le kémalisme, une idéologie ultra-nationaliste.


Ainsi au colloque
Islam et laïcité dans l'espace turc : Turquie et Europe
des 30-31 Janvier 2004 qui avait eu lieu au Sénat,
ce devoir de Mémoire n'était pas au programme .

Un tel manquement à la préparation à la législation française
qui reconnait le génocide arménien de 1915,
n'invite pas les immigrés turcs ou les Français d'origine turque
à la démocratie, au dialogue
et à l'ouverture qui existent naturellement en France.

Cette carence avait suscité
une lettre ouverte du CRDA.

De même à l'occasion d'un autre colloque organisé
par le Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC)
le 30 Novembre 2005 à l'Unesco
portant sur la "culture du dialogue en France et en Turquie"

o
ù le génocide de 1915 et les conséquences de son déni
étaient occultés,

le CRDA avait rédigé une lettre ouverte
.

Il est primordial que le Président de la République
donne des directives au Premier Ministre concernant
le devoir de Mémoire du génocide arménien de 1915
que doivent entreprendre les associations turques de France
auprès de leur adhérents.

Il faut espérer qu'un tel travail mémorial de longue haleine
-qui ne sera pas évident face au négationnisme de l'Etat turc-
aboutira un jour à des gestes forts
de reconnaissance et de recueillement
de la part des associations franco-turques :
aux différents mémorials du génocide arménien de 1915
qui se trouvent sur le territoire français.

A cet égard, il est important de donner en exemple
Willy Brandt s'agenouillant devant
le Mémorial des victimes du nazisme à Varsovie,
et le courage de
l'Association des Droits de l'Homme - Branche d'Istanbul.

La conférence de presse de cette association



Le Chancelier allemand Willy Brandt




se recueillant devant le



Mémorial des victimes du nazisme à Varsovie,



le 7 Décembre 1970



  • Groupes parlementaires France Turquie : Assemblée nationale - Sénat
  • Municipalités jumelées avec des communes turques : recherche à entreprendre
Deux réflexions comparées

1/ Réflexion comparée à l'occasion du débat occasionné par la sortie
du film allemand "La chute" sur les derniers jours d'Hitler

  • Le débat souvent à caractère polémique occasionné par le récent film allemand "La chute" sur les derniers jours d'Hitler (page prévue) met en évidence combien le devoir de Mémoire à propos du nazisme et de ses crimes, est important et fragile à la fois.

    Dans le cas turc concernant la Première Guerre mondiale et le Génocide arménien de 1915, contrairement au cas allemand, il faut rappeler que
    - l'armée turque vaincue n'a pas été désarmée
    - il n'y a pas eu de Tribunal de Nuremberg mis en place par les puissances alliées
    - il y a eu impunité des criminels
    - il y a eu filiation entre la République turque et les Jeunes-Turcs qui ont eu des postes importants dans le nouveau régime kémaliste
    - il y a une toute une génération qui a été éduquée aux falsifications historiques du régime kémaliste prenant appui sur une mentalité à la prussienne
    - il y a un négationnisme d'État avec un budget important pour (faire) réécrire l'Histoire
    - et tout cela servant de socle aux violations permanentes des droits de l'Homme.

    Dans ces conditions et ayant une approche comparée, pourrait-on imaginer une communauté allemande en France ayant été formée à une telle éducation officielle qui a été celle de la communauté turque actuelle? Quelle serait alors l'attitude de la classe politique française face à 400.000 Allemands éduqués à l'idéologie d'un État cimenté dans le négationnisme du nazisme?

    Ce détour imaginaire pourra-t-il mieux faire appréhender à la classe politique et civile française la situation qui existe aujourd'hui dans notre pays? Cette situation à déni banalisé commence déjà par la non-extansion de la Loi Gayssot. Il y aura tout un travail politico-social d'information historique à faire dans les associations turques de France et il n'est certain que la confrontation psycho-culturelle avec l'idée de préméditation du crime aboutira forcément au résultat allemand. Ce travail de prise de conscience ne se fera pas sans crispation ou tentation du double langage. Les associations turques de France auront un gros travail laborieux à entreprendre auprès de leurs adhérents -en espérant qu'elles pourront le mener effectivement à bien.

    Ces carences existent en France et sont occultées -par une fuite en avant. En effet, sinon, il est difficile de voir comment le Président Chirac peut espérer que l'Etat turc -bétonné dans son négationnisme depuis 1915- puisse entreprendre un travail d'acceptation de son passé. Un tel travail ne peut être que le fondement d'une démocratisation authentique de son présent. Car il ne faudra surtout pas penser que la candidature à l'Union européenne d'un État turc -fixé sur ses positions- sera la formule magique à aider ce pays aux changements qu'on attend de lui : la Turquie n'a pas connu les étapes successives qu'a dû suivre l'Allemagne post-nazie.

  • Nil Agopoff, Paris le 8 Janvier 2004

2/ Réflexion comparée avec le débat sur la laïcité à l'école

à compléter